Un style Pagnerre


Qui a bien pu dessiner ces belles maisons de style flamand des toutes premières années du XXe siècle ? Pour tenter de répondre à cette question, nous avons rapproché les photos des nº 67 et 73 de la rue du Général de Gaulle et le nº 2 de la rue Florimond Delemer : trois maisons dont l’architecture est généralement attribuée à Lucien Pagnerre (le père de Gabriel). Si le nº 67 est d’Henri Boudin (notre édition du vendredi 6 novembre). Qu’en est-il des deux autres ?

Le nº 73 appartient au même rang que le nº 67. Il a été construit sur la même parcelle agricole, vendue par lots, à la fin du XIXe siècle. La première trace de prise de possession des lieux date de 1901. Les maisons des nº 67 et 73 sont pratiquement contemporaines. Les structures des façades sont très voisines. Le pignon flamand du nº 73 est simplifié mais surmonté par le même genre de tourelle. La disposition des fenêtres est inversée, mais la structure générale demeure. Serait-ce une seconde réalisation d’Henri Boudin ?

Gilles Maury, architecte et enseignant à l’école d’architecture de Lille (basée à Villeneuve-d’Ascq), n’y croit pas : « Elle pourrait être de Thibeau, un architecte roubaisien qui s’était fait une spécialité du pignon flamand avec ces sortes de mini-tourelles à la base. » Pourtant, l’examen attentif des deux soubassements en pierre grise de Belgique fait apparaître une taille très particulière. Visiblement, elles viennent du même atelier.

Le nº 2 de la rue Florimond Delemer est calqué sur le nº 73. Les fenêtres du toit sont cependant ornées d’un bâti en bois dans le style balnéaire. C’était une des nombreuses spécialités de la famille Pagnerre mais Henri Boudin construisait aussi sur le littoral comme en atteste son chalet de Wimereux. Pour cette dernière réalisation, Gilles Maury est encore plus catégorique : « Avec des fenêtres incluant des motifs circulaires, je ne pense pas du tout que cela soit de Boudin : c’est trop art nouveau pour lui. » Et il conclut : « On ne peut attribuer des maisons à cause de la similitude des plans : tous les architectes faisaient à peu près les mêmes. »


Le mystère des belles bourgeoises demeure. A. C. (CLP)

Article écrit par Alain Cadet © pour la Voix du Nord du jeudi 12 novembre 2015